Baudelaire par Jeff Stahl |
"C'est le propre des oeuvres artistiques d'être une source inépuisable de suggestions"
Extrait de l'Art romantique - Charles Baudelaire
Vous l'aurez peut-être remarqué, c'est le poème que j'ai écrit sur mon mur depuis le début de mon blog, l'écouter lui donne une autre dimension et certainement l'Elévation.
La voix
Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient. J'était haut comme un in-folio.
Deux voix me parlaient. L'une, insidieuse et ferme,
Disait: «La Terre est un gâteau plein de douceur;
Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme!)
Te faire un appétit d'une égale grosseur.»
Et l'autre: «Viens! oh! viens voyager dans les rêves,
Au delà du possible, au delà du connu!»
Et celle-là chantait comme le vent des grèves,
Fantôme vagissant, on ne sait d'où venu,
Qui caresse l'oreille et cependant l'effraie.
Je te répondis: «Oui! douce voix!» C'est d'alors
Que date ce qu'on peut, hélas! nommer ma plaie
Et ma fatalité. Derrière les décors
De l'existence immense, au plus noir de l'abîme,
Je vois distinctement des mondes singuliers,
Et, de ma clairvoyance extatique victime,
Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
J'aime si tendrement le désert et la mer;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer;
Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
Mais la voix me console et dit: «Garde tes songes:
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !»
Extrait des Fleurs du Mal – Charles Baudelaire
*** Bonjour Ambre ! C'est vrai que de l'écouter ainsi, ce poème prend une autre dimension.
RépondreSupprimerC'est très beau ! je l'aimais déjà avant et je l'aime encore + aujourd'hui. MERCI et bonne fin de semaine à toi Chère Ambre ! ***
Nancy : merci, particulièrement pour ce commentaire-ci, car ce post compte beaucoup pour moi. Je t'embrasse.
RépondreSupprimerCe post fera parti de ceux qui m'auront le plus emporté.
RépondreSupprimerTellement d'images et pas assez de mots.
Pierre : tu ne pouvais pas me faire davantage plaisir en me disant cela, comme je l'ai dit à Nancy je tiens particulièrement à ce post, je peux même dire que j'en suis fière, d'une part, en raison de la qualité du dessin de Jeff et, d'autre part, pour tout ce que j'ai essayé de faire passer au travers de ma sélection des mots de Baudelaire.
RépondreSupprimerCe Baudelaire vu par Jeff Stahl est superbe, très bonne expression !
RépondreSupprimerLiz : merci pour Jeff !
RépondreSupprimerSalut AMBre,
RépondreSupprimerje viens de découvrir le blog de Jeff Stahl grâce à toi...franchement, impressionnant le garçon !!!
MaPY : ta démarche me fait plaisir, et ce qui me fait encore plus plaisir c'est ta réaction très positive. Super !
RépondreSupprimerJ'ai écouté en boucle la reprise par saez. Elle me met en transe. C'est terrible.
RépondreSupprimerJe pense que je vais lire les fleurs du mal. J'en ferai un post.
Pierre : ma plus belle récompense pour ce post !
RépondreSupprimerTrès touchée, j'ai hâte de voir ce que tu vas poster. Bonne soirée, Pierre, et merci d'avoir pris vraiment ton temps pour savourer l'adaptation de Saez.
Comme Pierre, j'ai écouté Damien Saez en boucle, lus et relus tes mots, regardé et admiré encore et encore Charles Baudelaire à travers les yeux et par les mains de Jeff Stahl.
RépondreSupprimerUne phrase volée, copiée, que je garde tel un trésor pour toujours, que je m'approprie, que je fais mienne, qui me correspond : "Garde tes songes: Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !"
Merci AMBre pour ta sensibilité, ta culture, ton regard, ta passion que tu sais si bien transmettre - en toute humilité.
666 : je sais que j'ai affaire à une connaisseuse, à la fois curieuse et profonde.
RépondreSupprimerLe fait que tu apprécies ce post, que tu aies bien pris ta concentration pour écouter Saez et, enfin, cette dernière phrase que je me suis fait "mienne" aussi (à ce sujet, il faudrait que tu ailles dans mon libellé : TEXTES, et que tu retrouves le post : Si la folie... avec la caricature de Courbet par Christophe... pour lire mon sentiment à ce sujet, en aucun cas une fierté mais seulement l'envie de partager guident ce conseil !!!). En toute HUMILITE, YES ! tu as mis le doigt sur ce qui me caractérise.
Ce Charles, quand même, quel homme. Et traducteur de Poe, en plus. Un langage toujours moderne, avec des mises en musique somptueuses. Il méritait bien cette hommage ! Une nouvelle rubrique "grands écrivains en chanson" ?
RépondreSupprimerUn souffle de poésie m'effleure (du mal). Les paroles ont beau de l'air être les maîtresses, il n'en reste pas moins un sentiment mélancolique et triste.
RépondreSupprimerChristophe : Merci merci, je suis très heureuse que tu apprécies cet hommage.
RépondreSupprimerTitou : la muse t'a caressé aussi, à ce que je lis ! Bisous.