...Les autres, de plus en plus longues, de plus en plus anodines, ne donnent qu’un empâtement tiédasse, une abondance gâcheuse. La dernière, peut-être, retrouve avec la désillusion de finir un semblant de pouvoir...
Mais la première gorgée ! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, frâicheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée ! On la boit tout de suite, avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit : la quantité, ce ni trop ni trop peu qui fait l’amorce idéale ; le bien être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut ; la sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini..... En même temps, on sait déjà. Tout le meilleur est pris.
Mais la première gorgée ! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, frâicheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. Comme elle semble longue, la première gorgée ! On la boit tout de suite, avec une avidité faussement instinctive. En fait, tout est écrit : la quantité, ce ni trop ni trop peu qui fait l’amorce idéale ; le bien être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut ; la sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini..... En même temps, on sait déjà. Tout le meilleur est pris.
On repose son verre, et on l’éloigne même un peu sur le petit carré buvardeux. On savoure la couleur, faux miel, soleil froid. Par tout un rituel de sagesse et d’attente, on voudrait maîtriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de s’échapper. On lit avec satisfaction sur la paroi du verre le nom précis de la bière que l’on avait commandée. Mais contenant et contenu peuvent s’interroger, se répondre en abîme, rien ne se multipliera plus. On aimerait garder le secret de l’or pur, et l’enfermer dans des formules. Mais devant sa petite table blanche éclaboussée de soleil, l’alchimiste déçu ne sauve que les apparences, et boit de plus en plus de bière avec de moins en moins de joie.
C'est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée...
C'est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée...
J'adore ce livre ainsi que Faith No More! :')
RépondreSupprimerUlvinne : ça tombe bien car moi aussi !
RépondreSupprimerBonne journée, ma Lili.
Quel plaisr de retrouver ce texte. Le dernier Delerm (Le trottoir au soleil) est à la hauteur de ce best-seller, il est du même tonneau, si je puis dire.
RépondreSupprimerChristophe : je ne l'ai pas encore lu, vivement les vacances et le temps de lire sereinement !
RépondreSupprimerJoli choix de morceau héhé!
RépondreSupprimerDans le même esprit je pense que tu aimerais "Devil in the Bottle" (Lynyrd) si tu as le temps de l'écouter!
Je t'embrasse
Ma Poussi.Net : tu as dû te douter que j'ai pensé spécialement à toi en choisissant ce morceau. J'écouterai Lynyrd, d'ailleurs j'avais l'intention de leur dédier un post (en pensant encore à toi !). Bisous, ma Puce.
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