Cette lycéenne, fille d’un producteur de
lait à Landudec, dans le Finistère, a écrit son ressenti dans une
lettre à son père. Un groupe Facebook l’a publiée, la machine médiatique
s’est emballée.
L’histoire
Une pensée d’adulte dans une tête d’ado. À 16 ans, comme le soulève sa Mamie Gisèle, Manon Kernoa fait preuve d’une « très
grande maturité. Elle a senti le poids des difficultés du monde
agricole, qui peuvent aller jusqu’à un point de non-retour ». Un samedi soir d’octobre, cette fille d’un producteur laitier de Landudec (Finistère), s’ennuyait un brin. « J’ai eu envie d’écrire. J’avais des idées dans ma tête depuis longtemps. »
Je voulais la garder pour moi. Mais je me suis dit que je devais la publier car je ne devais pas être la seule à penser ça. »
En une poignée de mots, elle dresse le constat d’un monde paysan
difficile, où il faut se battre pour survivre. Parvenir à manger quand
son quotidien est de nourrir les autres.
« Faire prendre conscience »
Elle l’envoie au groupe Facebook « La bataille des producteurs de lait ». Il la publie le 11 novembre. Les like se multiplie. Une radio locale prend le relais, la machine médiatique s’emballe. « Je ne m’attendais pas à ça. C’est fou ! Je me suis toujours intéressée à l’agriculture. Mais on n’aborde pas trop ce sujet en famille. » Cette prouesse épistolaire s’adresse « à tout le monde. Pour faire prendre conscience ».Après publication, elle fait lire la lettre à son père. « Il m’a dit qu’il était fier de moi. Ça m’a vraiment fait plaisir. » Mardi, au lycée Saint-Blaise de Douarnenez où elle prépare un bac ES, « une prof m’a prise dans ses bras. Tout le monde a été très surpris car je suis discrète ». « Je sais qu’elle est brillante, glisse Guénaëlle, sa maman. Mais je ne m’attendais pas à une telle lettre… » « Je me suis dit : La vache ! lance Mamie Gisèle. Elle a libéré la parole. Je la remercie d’avoir mis des mots sur tous ces maux. »
« Mon père, ce héros »
« Mon père, 53 ans, est agriculteur dans une petite ville de Bretagne. Certes, il y en a beaucoup dans ce cas, même si ce nombre ne cesse de baisser. Certes, il y a d’autres métiers plus difficiles que celui-là, plus physiques, qui touchent à la santé, à la protection. Mais j’ai peur pour l’avenir.Et oui, à 16 ans, j’ai peur pour l’avenir. Quelle idée ! J’ai peur de ce que les petites fermes de campagne vont devenir. Elles sont ancrées dans nos paysages, ont hérité de nos parents, de nos grands-parents, voire de nos arrières grands-parents. Elles font partie de notre patrimoine ! Que va devenir mon père, quand il n’y aura plus que des fermes de 1 000 vaches, des usines de poudre à lait, ou encore des steaks totalement chimiques ?
De plus, l’État, ainsi que l’Europe, leur donnent de moins en moins d’aides. Que penser, quand nous entendons tous les jours, à la télévision ou à la radio, que le prix du lait ne cesse de baisser, passant sous la barre des 30 centimes au litre ? Connaissez-vous beaucoup de personnes, qui après une semaine de travail déjà difficile, sacrifieraient leurs week-ends en amoureux, leurs vacances en famille, pour nourrir des individus qui n’ont aucune considération de leur travail, qui cherchent toujours à trouver le prix le plus faible pour manger, en ignorant leur provenance, quitte à endetter les agriculteurs français ?
Seriez-vous prêt à vous installer dans une exploitation, lorsque tout votre entourage ne vous le conseille pas ? Seriez-vous prêt à vous engager dans une nouvelle vie, avec ses avantages et ses inconvénients ? Seriez-vous prêt à suivre votre vocation, alors que l’avenir ne semble pas être à votre avantage ? Et oui, à 16 ans, j’ai peur pour l’avenir. Sauvez les agriculteurs français, mangez français ! »
Manon, fille d’un agriculteur breton.
Article dans Ouest France. Edition de Pont-l'Abbé. Publication du 24 novembre 2016
La beauté des laits des laits se boit sans délai sans délai
RépondreSupprimerQuel joli clin d'oeil !
SupprimerCiao Ambra! Une fille qui a bien compris la situation difficile dans laquelle on vit aujourd'hui. Passe un beau fin de semaine.
RépondreSupprimerCiao cara EriKa !
SupprimerOui, sa lettre m'a émue comme beaucoup d'autres personnes.
Puisse-t-elle être lue par ceux qui nous prennent de plus en plus par des vaches à lait !
Bon week-end, à bientôt...
Bonjour ma chère Anne-Marie!
RépondreSupprimerBravo pour ce billet!!!!!
C'est si important notre agriculture traditionelle!
Ici en Bavière il y a aussi beaucoup des agriculteurs qui sont en train de vendre le paysage pour bâtir des maisons ....c'est plus d'argent ....
Il faut toujours chercher beaucoup de temps de trouver des agriculteurs bio et petit mais avec des produits si bon! Il faut aider des gens à la campagne sinon dans le futur il y a non plus notre paysage qu'on connaît!
Passe un bo dimanche de l'avent ma Belle!
Je t' embrasse fort!
Une fille avec la tete bien pensante et très mature pour son age ,a 16 ans elle a tout compris ! Bisou
RépondreSupprimerje comprends l'angoisse de cette jeune fille, on vit dans un monde de plus en plus tourné vers le profit sans se soucier des personnes, on donne de plus en plus de pouvoir aux industries dont on est devenu les otages. Inverser la tendance, acheter français, c'est pas toujours facile , ni à la portée de chacun.Je me demande de + en + quel monde on va laisser à nos enfants...
RépondreSupprimerEn fait , j'étais juste venue te faire un coucou et quelques bisous :) Merci de ta présence amicale et réconfortante
les jeunes ne doivent pas avoir peur de l'avenir ! ils prennent conscience du gâchis que nous avons réussi à faire et le chaos que nous leur offrons en héritage ! c'est lamentable ! mais je leur fais confiance, il sauront remettre de l'ordre dans tout ça ! nous sommes locataires sur cette planète qui ne nous appartient pas, il faut le savoir quand même ! respect ! mais il y a du boulot c'est sur !
RépondreSupprimer